Quand le football fait dans la sobriété textile
Changer de maillot chaque année, c’est devenu un rituel aussi attendu que contesté dans le monde du football. À chaque intersaison, les clubs professionnels dévoilent leurs nouvelles tenues, dans des campagnes marketing millimétrées. Mais depuis peu, une contre-tendance émerge : reconduire le maillot de la saison précédente. Un geste fort à l’heure où les préoccupations environnementales et économiques prennent de l’ampleur, même dans les tribunes.
Stade Lavallois : le pionnier qui assume
Le Stade Lavallois, club historique de Ligue 2, s’est illustré comme l’un des premiers clubs professionnels à faire ce choix fort. Pour la saison 2025-2026, le club a annoncé ne pas changer de maillot, ni pour les matchs à domicile, ni pour ceux à l’extérieur. Une décision motivée par des enjeux écologiques et budgétaires.
"Changer de maillot chaque année n’est pas une obligation. Il y a un coût environnemental et financier important", a expliqué le président Laurent Lairy.
Une initiative saluée par les supporters, qui y voient une preuve de bon sens, à mille lieues de la surenchère commerciale.
FC Versailles : l’élégance durable
Le FC Versailles, pensionnaire de National, a lui aussi décidé de reconduire ses maillots pour la saison 2025‑2026. L’équipementier Macron, engagé dans une démarche de production durable, accompagne le club dans cette logique de sobriété. Le club y voit une manière de renforcer son identité visuelle tout en évitant aux supporters d’avoir à racheter une nouvelle tenue chaque année.
PSG : un géant qui montre l’exemple
Surprise dans l’élite du football français : le Paris Saint-Germain a annoncé qu’il utiliserait le même maillot extérieur pour deux saisons consécutives, en 2024‑25 et 2025‑26. Ce choix, inédit pour un club de cette envergure, s’inscrit dans une volonté affichée de réduire les déchets textiles en partenariat avec Nike, son équipementier.
Le maillot concerné, blanc avec des détails rouge et bleu inspirés de la Tour Eiffel, avait été bien accueilli par les fans. En le conservant une saison supplémentaire, le PSG rompt – temporairement – avec la logique consumériste des grands clubs européens.
Un geste fort, et peut-être le signal d’un tournant possible, même chez les mastodontes du merchandising.
Une remise en question salutaire
Alors que la plupart des clubs professionnels proposent trois nouveaux maillots par saison, la multiplication des collections (maillot domicile, extérieur, third, édition spéciale…) devient de plus en plus décriée. L’impact écologique de l’industrie textile est bien connu : 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’ADEME.
En reconduisant leurs maillots, certains clubs amorcent donc une réflexion : et si la fidélité textile devenait un acte d’engagement ?
Les clubs amateurs déjà dans la mouvance
Dans les divisions inférieures, ce choix est presque une évidence. Les clubs amateurs gardent leurs maillots plusieurs années, par contrainte économique mais aussi par logique de durabilité. Ce qui était hier une nécessité devient aujourd’hui un modèle à suivre, même pour les clubs professionnels.
Une nouvelle ère pour les maillots de foot ?
Si Laval, Versailles ou le PSG montrent l’exemple, cette tendance reste encore marginale. Mais elle révèle une volonté de rupture avec le marketing effréné qui entoure le football depuis plusieurs décennies. De plus en plus de supporters aspirent à une consommation plus raisonnable, plus durable, plus alignée avec les valeurs qu’ils souhaitent voir sur le terrain.
Et si, demain, les plus beaux maillots n’étaient plus ceux qui changent chaque été… mais ceux qui durent dans le temps ?